L’avenir du cacao
« Les importateurs vont devoir démontrer l’origine exact du cacao importé en Europe. S’il y a déforestation, c’est parce que le producteur n’ a pas d’autres ressources… » .Michel Arrion Directeur Exécutif de l’Organisation Internationale du Cacao (ICC0).
M Michel Arrion vous avez été reçu en audience ce 26 avril 2023 à Yaoundé par le Ministre Camerounais du commerce. Quel était l’objectif ?
Comme à l’accoutumée, J’ai voulu avant la session du Conseil de l’Organisation internationale du cacao (ICCO), rencontrer M le Ministre du Commerce Luc Magloire Mbarga Atangana, afin de débattre des points les plus importants qui sont dans l’agenda. Globalement de la situation du marché du cacao et des cacaoculteurs. Le Cameroun est le 3e pays africain producteur. Il joue un rôle important au sein de notre Organisation.
Comment entendez-vous remédier aux déséquilibres décriés à l’international en ce qui concerne le marché du cacao ?
Oui, il y a un déséquilibre dans le cadre de la répartition de la valeur du cacao le long de la chaine, entre le producteur et le consommateur. ll y a une série de transactions et de transformation de cacao en matières premières et de chocolat. Les producteurs reçoivent une part très minime de la valeur de ce chocolat ou de ce cacao, ou l’équivalent du cacao contenu dans le chocolat. Nous sommes déterminés d’augmenter les prix au sein des principaux bassins de production. Le cacaoculteur Camerounais est relativement le mieux rémunéré en Afrique, il n’en reste pas moins qu’il y a une grande marge d’amélioration de revenus des producteurs. Je pense qu’on va dans la même direction. Avec des pratiques post-récoltes, il ne suffit pas de faire pousser du cacao sur les arbres et de récolter des fruits du cacao. Il faut aussi bien préparer des fèves, la fermentation, le sécher. Ce sont des pratiques très importantes pour faire un cacao de qualité qui se vend au meilleur prix .Nous avons aussi évoqué avec M le ministre ,la réponse que les producteurs vont devoir donner face aux nouvelles exigences de l’Union européenne, des Etats-Unis d’Amérique sur certains aspects de la durabilité, vous savez que le cacao est une source de déforestation majeure en Afrique de l’Ouest et Centrale. Nous pensons que s’il y a déforestation, c’est parce que les cacaoculteurs n’ont pas d’autres ressources que d’aller dans la forêt pour planter leurs cacaoyers. C’est un problème surtout présent en Afrique de l’Ouest, moins fréquent en Afrique centrale et au Cameroun mais, il n’empêche que la règlementation européenne d’accès au marché va s’appliquer à tous les origines. Ils vont devoir démontrer l’origine exact du cacao importé en Europe. Il faut mettre en place tout un système de traçabilité du cacao afin de déterminer que le cacao qui entre dans un port européen que ce soit Amsterdam, Hambourg …qu’on puisse remonter la filière jusqu’à la plantation.
Quel commentaires faites-vous au sujet du travail des enfants ?
Je mettrais le travail des enfants plutôt dans le sens des conditions des travailleurs ,c’est moins le cas au Cameroun qu’ailleurs, les pires formes de travail existent .Il y a les enfants qui travaillent après l’école dans les plantations, c’est à peu près acceptable sous certaines conditions mais, qu’and on parle de trafic d’enfants, c’est quelque chose de diffèrent, ça n’existe pas au Cameroun mais ,encore une fois, je crois que personne n’ a envie de faire travailler son enfant dans les plantations. Si on n’avait de revenus décents, si le prix du cacao était élevé, on n’enverrait pas les enfants dans les plantations. L’impact du travail des enfants est moins important que la déforestation.
Qu’en est -il de l’avenir du cacao ?
L’avenir c’est l’Europe, les USA ou le continent Nord-Américain. Les marchés sont saturés, vieillissants et n’augmentent pas. Si on veut augmenter le marché de cacao, il faut un autre marché notamment scruter d’autres grands marchés à l’instar de l’Inde et de l’Asie, etc . Certains bassins de consommation sont dans les grandes villes africaines où une certaine classe moyenne se développent, et ont des moyens pour se procurer du chocolat. Il faut apprécier les produits à base de cacao dont le chocolat. Avec du cacao, on ne fait pas que du chocolat. Il y a des produits dérivés : des glaces alimentaires, des gâteaux…Le développement du marché de la consommation du cacao peut se faire en Asie, en dans certaines grandes villes africaines et dans d’autres applications que le chocolat, le Cameroun joue un rôle important dans notre groupe de travail sur la promotion du cacao.
Itw réalisée par joseph kapo