Financements de la Banque mondiale
1200 milliards de FCFA à consommer par le Cameroun en 3 ans
La Banque mondiale n’a décaissé que 22,6% de son portefeuille d’engagements au Cameroun estimé à de 1552 milliards de FCFA pour 19 projets actifs soit un solde de 1200 milliards de FCFA de reste à consommer. L’information a été révélée au cours de la revue conjointe du portefeuille de l’institution dans le pays qui s’est tenue du 16 au 17 mai dernier à Yaoundé.
Selon le ministre délégué au ministère de l’Économie, la faible consommation des financements mis à la disposition du Cameroun par la Banque mondiale tient de plusieurs manquements du côté du Cameroun, notamment : des retards dans l’obtention des décrets d’expropriation et d’indemnisation des populations impactées par les travaux des projets ; la faible maturation des projets inscrits dans le portefeuille ; la faible mobilisation des fonds de contrepartie et la crise sécuritaire dans certaines régions du pays abritant plusieurs projets.
Résultat des courses, si le Cameroun n’absorbe pas les financements restants au cours des 3 prochaines années, ils deviendraient forclos mettant ainsi en péril les projets pour lesquels ils ont été attribués. « Au regard d’une telle situation, il est impératif pour nous tous ici réunis d’identifier les actions à mettre en œuvre à l’effet d’améliorer la performance des projets en cours et partant celle du portefeuille de coopération en général », a souligné Paul Tasong.
Notons qu’à la mi-2022, les interventions de la Banque mondiale au Cameroun étaient majoritairement orientées vers le secteur des infrastructures qui à lui seul représentait 54,8% des engagements du portefeuille. Il est suivi tour à tour des secteurs du développement rural (12,0%), de la santé (9,7%), de la gouvernance (8,8%), de l’éducation (7,7%), du développement social (3,6%) et de l’industrie et les services (3,4%).
L’on peut donc comprendre pourquoi en 2023, le Cameroun projette d’annuler les conventions des projets dont les délais d’exécution sont anormalement longs. « Les conventions des projets dont les délais d’exécution sont anormalement longs ou dépassés et qui éprouvent des difficultés de mise en œuvre devront faire l’objet d’annulation ». Cette prescription est contenue dans la récente circulaire signée par le Paul Biya, en préparation à la loi de finances 2023.
De fait, cette prescription présidentielle vise à réduire les « Soldes engagés non décaissés » (SEND’s). Il s’agit d’un argent qui a déjà fait l’objet d’accords de prêt, mais n’a pas encore été consommé par le pays. Cette situation, selon la Caisse Autonome d’Amortissement (CAA) en charge de la gestion de la dette publique, est souvent due à l’immaturité des projets ou à l’absence des fonds de contrepartie de l’État.
À fin juin 2022, la CAA chiffrait la valeur des SEND’s à 3 746,9 milliards de FCFA (hors appuis budgétaires). Ces SEND’s sont liées à 57,7% aux conventions de financements signées avec les bailleurs de fonds multilatéraux, dont 1 064,9 milliards de FCFA à décaisser auprès de la Banque mondiale (soit 49,3% des SEND’s multilatéraux) ; 25,1% à la coopération bilatérale, dont 638,8 milliards de FCFA à décaisser auprès de la Chine (soit 68,0% des SEND’s bilatéraux) ; et 18,6% des prêts signés avec les partenaires commerciaux, dont 189,4 milliards de FCFA à décaisser auprès de ICBC de Chine (27,2% des SEND’s commerciaux).
B. E