Caféiculture
La contribution des femmes et des jeunes
Dans le cadre de la participation de Hilary Barry Fondatrice et Secrétaire générale/Lady Agri Impact Investment Hub ASBL à la première réunion de l’OIC COFFEE MEET CAMEROON, qui s’est tenue du 28 au 29 novembre 2023 à Yaoundé, organisée par le Centre Islamique pour le Développement du Commerce (CIDC), le ministère du Commerce du Cameroun et la Banque Arabe pour le Développement Économique en Afrique (BADEA), en collaboration avec le Conseil Interprofessionnel du Cacao et du Café (CICC), elle a partagé ses perspectives sur sa contribution au développement de la caféiculture camerounaise et l’autonomisation des femmes et des jeunes au sein de ces filières cruciales.
LadyAgri collabore étroitement avec le secteur privé et public et joue le rôle de conseiller du ministère du Commerce et le ministère de l’Agriculture depuis 10 ans dans la structuration des filières. En tant qu’ONG internationale, LadyAgri, active au sein de la société civile, travaille en partenariat avec les Programmes PAD CACAO et PARF-Café du gouvernement, visant à assurer la durabilité des filières tout en favorisant l’autonomisation des femmes et des jeunes, respectant l’environnement, les droits humains et l’inclusion sociale.
Elle considère l’agriculture comme un secteur prometteur pour l’économie et la cohésion sociale et se concentre sur des actions concrètes, renforçant les capacités des femmes et des jeunes au sein des GIC, coopératives et PME PMI. LadyAgri promeut ardemment le modèle de l’entrepreneuriat social, réunissant les acteurs de l’écosystème (publics, privés, secteur financier, équipementiers, acheteurs internationaux) pour faciliter l’accès aux financements, équipements et technologies, notamment pour les femmes. C’est ainsi qu’elle mène actuellement des programmes phares au Cameroun, (FEMME FORCE avec TELCAR-CARGILL, Femmes Rurales Cacao et Café avec CICC et les Business Clusters des femmes dans le Café avec le programme Alliances for Action[1] avec l’agence des nations unies le [2]ITC, l’ACRAM[3] et le CICC).
LadyAgri travaille en étroite collaboration avec des organisations et des entreprises « Gendersmart » du secteur, promouvant l’inclusion du genre pour l’avancement des femmes en tant qu’actrices clés du changement économique et ambassadrices du cacao et du café d’excellence « Made in Cameroun ». L’organisation agit comme un intermédiaire pour faciliter les investissements dans les chaînes de valeurs agricoles, mettant l’accent sur le financement en faveur des femmes. Bien que le siège de LadyAgri soit en Belgique, l’organisation reflète une véritable diversité culturelle, travaillant dans 17 pays africains avec 16 nationalités différentes parmi ses 27 membres. La dame exprime sa confiance dans le potentiel du secteur du café au Cameroun, soulignant la nécessité d’investissements stratégiques, de la professionnalisation des acteurs, de la gestion des impacts du changement climatique et de l’adaptation aux nouvelles réglementations internationales. Hilary réitère son engagement auprès des acteurs de la filière et donne son accord de toujours porté son petit nom Hilary ‘Ngono’ Barry donné par le Ministre de l’Agriculture et Ministre du Commerce.
« Les programmes New Generation et Femmes Rurales sont cités comme des initiatives clés » Hilary Barry Fondatrice et Secrétaire générale/Lady Agri Impact Investment Hub ASBL
Madame, vous êtes d’origine Irlandaise, qu’elle est l’importance historique du Cameroun pour LadyAgri, quel intérêt accordez-vous aux femmes et aux jeunes dans le développement de produits agricoles d’excellence ?
En ce qui concerne le café, LadyAgri s’engage particulièrement auprès des femmes leaders du secteur. L’ONG était présente à la Conférence OIC à côté du Ministre du Commerce, des PME PMI Cafés dirigées par des femmes et des Coopératives New Génération issues de toutes les régions du café, encadrées par le CICC. Cette participation vise à démontrer le soutien et l’encouragement de LadyAgri envers les femmes du secteur.
LadyAgri assume son rôle d’ambassadrice lors de ses initiatives internationales en mettant en avant le travail accompli au Cameroun pour faire rayonner la réputation des produits camerounais à l’échelle mondiale (Europe, New York, Washington et Beijing).
Qu’en est-il du volet prix ?
Concernant le volet des prix, LadyAgri insiste sur l’importance des bonnes pratiques, de la professionnalisation des producteurs et de la création de valeur ajoutée locale pour garantir la qualité, la traçabilité, le respect de l’environnement, des normes internationales et un prix équitable pour les producteurs et surtout les productrices. La confiance entre les acteurs de la filière est cruciale pour attirer des investisseurs fiables et promouvoir des relations commerciales stables.
LadyAgri plaide également en faveur de l’accès aux crédits de campagne, soulignant l’urgence d’injecter de la liquidité dans la filière. Une politique claire et une cartographie transparente des acteurs renforcent la confiance des investisseurs, favorisant une croissance inclusive.
Un aspect pas de moindre importance concerne la transformation locale, quel est votre apport ?
En ce qui concerne la transformation du secteur du café au Cameroun, Hilary et son équipe LadyAgri reconnaît le potentiel considérable et salue l’engagement et investissement faites par les Business Clusters Cafés, des PME PMI et des coopératives. Les modèles d’entrepreneuriat sociale de TERRIFIC Coffee, Pierre André, Maison du Café, Alia Café sont à féliciter. La valorisation de la femme au sein du patrimoine du café par Son Excellence Mme Ndam Njoya, Présidente de l’AFECC, témoignent une stratégie et vision économique inclusive, égalitaire et long terme.
Cependant, LadyAgri souligne l’urgence d’investissements en amont de la chaîne, notamment dans les équipements pour les producteurs, tels que les claies de séchage, le stockage et les décortiqueuses. Ces investissements sont cruciaux pour encourager les producteurs à rester dans le café, un processus qui demande de la patience, avec un délai de 3 à 4 ans. LadyAgri encourage également l’écosystème à investir dans la caféiculture, en mettant l’accent sur les pépinières, la recherche de nouvelles variétés résistantes aux changements climatiques, et la promotion de méthodes agricoles régénératives.
Le changement climatique est au cœur de l’actualité mondiale comment y remédier ?
Concernant le changement climatique, LadyAgri appelle à une collaboration active entre toutes les parties prenantes de la filière café, le secteur de la recherche et la science. La conférence scientifique organisée par le CICC et le ministère du Commerce en juin dernier était un premier pas positif. La gestion des impacts du changement climatique nécessite un accord sur les grandes orientations techniques pour garantir la sécurité des producteurs.
Félicitant le ministre du Commerce, le ministre de l’Agriculture et le CICC pour leur dynamique action-recherche, LadyAgri souligne l’importance de rester à la pointe des solutions face au changement climatique, une menace significative qui s’accélère.
Quel pourrait être la place des femmes et des jeunes dans la caféiculture?
En ce qui concerne la place des femmes et des jeunes, LadyAgri souligne la nécessité d’intégrer de nouvelles générations ouvertes aux technologies et au réseau pour assurer la relève. Les programmes New Generation et Femme Rurales sont cités comme des initiatives clés, professionnalisant les femmes et les jeunes tout en fournissant un mentorat orienté vers l’agribusiness et la qualité.
Comment faire face aux prochains défis qui s’annoncent ?
En ce qui concerne les filières café, LadyAgri considère que l’entrée en vigueur du nouveau règlement de l’UE sur les produits sans déforestation le 29 juin 2023 présente un défi majeur pour les pays producteurs de café. Ce règlement, considéré essentiel face au changement climatique, impose des règles strictes pour les pays producteurs, nécessitant une diligence raisonnable pour lutter contre la déforestation. Il incite les acteurs du café à s’adapter à de nouveaux défis en matière de chaînes d’approvisionnement.
LadyAgri identifie un grand défi pour les pays producteurs à partir de 2024 et estime que la solution réside dans la mise en place d’un système d’information, de digitalisation et de traçabilité. Elle souligne la nécessité d’un système d’information bidirectionnel, fournissant des informations du marché aux producteurs et informant les acteurs du marché sur l’origine, la qualité et la quantité du café disponible. La disponibilité de données fiables et la mise en place de ces systèmes contribueront au plan national d’investissement agricole, renforçant la position des origines et terroirs camerounais pour attirer les acheteurs et investisseurs internationaux.
ITW réalisée par Joseph Kapo
[1] https://intracen.org/our-work/topics/food-and-agriculture/coffee
[2] International Trade Centre agence des nations unies pour la promotion des PME PMI https://intracen.org/
[3] ACRAM l’Agence des Cafés Robustas d’Afrique et de Madagascar (Cameroun est pays membre) https://www.acram-robusta.org/presentation-de-lacram/