Afrique-Ukraine : De l’espoir après la prolongation de l’accord international sur les céréales
L’annonce de la prolongation de l’accord international sur les céréales ukrainiennes, a été faite le 18 mars 2023, par le président turc Recep Tayyip Erdogan à l’occasion de sa visite en Ukraine.
« À la suite des entretiens avec les deux parties (Ukraine et Russie, ndlr), nous avons assuré l’extension de l’accord qui devait prendre fin le 19 mars », a affirmé Recep Tayyip Erdogan. Ankara avait précédemment espéré une extension de 120 jours, alors que la Russie insistait pour la limiter à seulement 60 jours. « Cet accord a une importance vitale pour l’approvisionnement alimentaire mondial. Il atténue la crise alimentaire mondiale encore appelée Initiative de la mer noire, signée en juillet 2022 par Kiev, Moscou et Ankara, avec l’aide de l’ONU, a atténué la crise alimentaire mondiale occasionnée par la guerre, en permettant l’exportation de près de 25 millions de tonnes de maïs, de blé et autres céréales produites en Ukraine. Selon ses termes initiaux, Il avait été prolongé une première fois de 120 jours en novembre.
Le sentiment de satisfaction se dégage par la voix du ministre ukrainien des Infrastructures qui a remercié l’ONU et la Turquie pour la prolongation de cet accord international, vital pour l’exportation des céréales ukrainiennes. C’était l’occasion pour le Chef de l’ONU de prôner une paix juste et rappelé l’action de l’ONU durant le conflit, tant pour maintenir l’aide humanitaire et sécuriser les centrales nucléaires que pour garantir l’exportation des denrées alimentaires et juguler les prix mondiaux grâce à l’Initiative céréalière. « C’est ma troisième visite en Ukraine en moins d’un an. Ma troisième visite pour montrer notre engagement total et chercher des solutions », a précisé António Guterres. Aussi va-t-il réitéré la « position limpide des Nations Unies » : « L’invasion de l’Ukraine par la Russie est une violation de la Charte des Nations unies et du droit international. La souveraineté, l’indépendance, l’unité et l’intégrité territoriale de l’Ukraine doivent être respectées, à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues ».
Selon Antonio Guterres en mission en Ukraine pour la circonstance, « les Nations Unies sont restées sur le terrain pour fournir une aide humanitaire désespérément nécessaire à des millions de personnes ici en Ukraine ». Pour améliorer les conditions de vie, il a aussi insisté sur la mobilisation de l’Agence internationale de l’énergie atomique pour tenter de préserver la sûreté et la sécurité des centrales nucléaires en Ukraine, y compris, celles, considérées comme vitales de Zaporijia, la plus grande centrale d’Europe. Il n’a pas manqué de souligner l’importance de l’Initiative céréalière de la mer Noire, adoptée en juillet dernier à Istanbul, qui a facilité l’exportation de 23 millions de tonnes de céréales depuis les ports ukrainiens.
La baisse du coût mondial des denrées alimentaires résulte de la conclusion de cet accord avec l’aide de l’ONU. Pour le fonctionnaire international, c’est une preuve tangible que les prix alimentaires de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture ont chuté de près de 20 % en 2022 et que les exportations de produits alimentaires et d’engrais ukrainiens et russes sont « essentielles à la sécurité alimentaire mondiale et aux prix des denrées alimentaires ». Il a insisté sur l’urgence de la reconduction de l’Initiative céréalière de la mer Noire le 18 mars et de travailler à créer les conditions permettant une utilisation maximale des infrastructures d’exportation à travers la mer Noire. Et sa volonté d’appuyer les solutions aux problèmes humanitaires.
L’accord de juillet 2022 sur l’exportation des céréales ukrainiennes prolongé récemment relève d’une bouffée d’oxygène pour l’Afrique. Le déplacement des navires des ports ukrainiens en toute sécurité est un soulagement aux Nations Unis. Les approvisionnements alimentaires ont été particulièrement menacés dans les pays du Moyen-Orient et d’Afrique caractérisés par une dépendance maladive des céréales ukrainiennes. D’après l’ONU, les prix des aliments de base ont augmenté de 30 % en moyenne dans ces régions. Raison pour laquelle « les responsables de l’ONU s’inquiétaient pour la Corne de l’Afrique, où la sécheresse poussait déjà les pays vers la famine et où le manque de céréales ne faisait qu’aggraver la situation ». C’est une bonne nouvelle pour le Programme alimentaire mondial (PAM) qui achète principalement des grains ukrainiens (mais tournesol) pour les distribuer sous forme d’aide alimentaire dans plusieurs pays à l’instar de la Somalie, l’Éthiopie ou encore le Soudan et le Kenya, des pays qui connaissent une sécheresse extrême et où la famine a fait sa réapparition. D’après l’ONU, seul un quart des exportations alimentaires de l’Ukraine est destiné aux pays les plus pauvres du monde. 47 % sont destinées à des « pays à revenu élevé », dont l’Espagne, l’Italie et les Pays-Bas. 26 % sont destinés à des « pays à revenu moyen supérieur » tels que la Turquie et la Chine. 27 % sont allés dans des « pays à revenu faible ou moyen inférieur » comme l’Égypte, le Kenya et le Soudan.